Les médisances sont comme les friandises, elles descendent jusqu’aux tréfonds de l’être. Proverbes 26.22
« Braves gens, prenez garde aux choses que vous dites,
Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes,
Tout, la haine et le deuil ! Et n’objectez pas
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas.
Écoutez bien ceci : tête à tête, en pantoufle,
Porte close, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites, à l’oreille, au plus mystérieux
De vos amis de cœur, ou si vous l’aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d’une cave, à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu.
Ce mot, que vous croyez qu’on n’a pas entendu,
Court, à peine lâché, part, bondit, sort de l’ombre ;
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin ;
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
Il vous échappe, il fuit, rien ne l’arrêtera ;
Il suit le quai, franchit la place, et cetera,
Passe l’eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez le citoyen dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l’étage, il a la clé :
Il ouvre l’escalier, pousse la porte, passe,
Entre, arrive, et, railleur, regardant l’homme en face,
Dit : “Me voilà ! Je sors de la bouche d’un tel.”
Et c’est fait, vous avez un ennemi mortel. »1
Victor Hugo rejoint les exhortations des Écritures :
La langue aussi est un feu, c’est tout un monde de mal. Elle contamine notre être entier ; elle est pleine d’un venin mortel.2 Préservons notre langue du mal.Et demandons à Dieu qu’elle serve plutôt à bénir et à encourager.
Charles Rick
1 Victor Hugo, Œuvres posthumes 2 Jacques 3.6-8
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Lecture proposée : Livre des Proverbes, chapitre 18, versets 6 à 8.