Mon joug est aisé et mon fardeau léger.
Matthieu 11.30
Je n’ai pas été un bon fils, j’ai attiré la honte sur notre famille. J’espère que tu me pardonnes, je suis sur le point de mourir. Tu m’as nourri et aimé. Et, en récompense, j’ai été condamné à la prison à vie à 18 ans !… Maintenant j’en ai 31, et je n’atteindrai pas 33 ans, car j’ai un cancer des intestins, et les autorités ne payeront pas l’opération. Au lieu d’être au fond de la mine, je surveille des caisses dans une petite remise. Je vomis tout le temps. Je ne vois jamais personne, mais je peux contempler le désert. Pendant huit ans je n’ai pas vu la lumière du jour. Du baraquement j’entrais directement dans la mine par un tunnel. Une chambre, un corridor, une fosse : le monde se limitait à cet espace. Maintenant il s’est élargi, mais ma situation est sans espoir.
J’ai réfléchi et j’ai pleuré amèrement sur les choses que je n’ai pas pu faire et que je ne ferai jamais. Embrasser une femme, fabriquer un cerf-volant pour un enfant émerveillé. Plus important, je ne t’ai jamais dit combien je regrettais de t’avoir causé ce chagrin… Un jeune prisonnier m’a parlé de Celui qui a dit : » Mon joug est aisé et mon fardeau léger. » Ces mots m’ont soulagé. J’en ai conclu qu’il y a dans l’au-delà une table où je pourrais m’asseoir, manger à satiété, parler sans crainte à des amis et ne plus entendre une sirène hurler. Je crois aussi que quelqu’un est assis à la tête de cette table. Maman, avant de mourir, je te demande de découvrir quel est Celui qui a prononcé ces mots, pour que je puisse m’asseoir avec Lui dans l’autre monde.1
Texte cité par Gérard Peilhon
1 Cette lettre est arrivée à Hong Kong trois ans après la mort de son auteur.
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Lecture proposée : Évangile selon Matthieu, chapitre 11, versets 25 à 30.