Les brigands crucifiés avec lui l’insultaient eux aussi de la même manière.
Matthieu 27.44
Ils étaient entre vingt et trente à s’acharner sur cet homme de trente-six ans avant que des surveillants interviennent. On l’a transporté dans un état critique au CHU de Hautepierre. Le malheureux venait d’intégrer la maison d’arrêt de Strasbourg, condamné la semaine précédente à une peine de six mois de prison. Il serait étonnant que parmi ceux qui l’ont passé à tabac – ses codétenus – il n’y ait eu que des victimes de cet homme ou des proches des victimes.
Certains de ces détenus étaient sans doute là pour des faits réellement graves, mais ils ont cru devoir se transformer en justiciers.
N’est-elle pas étrange cette tendance qui rend les hommes si prompts à condamner autrui et à minimiser leurs propres errements ? Ça ne date pas d’hier. Les évangiles nous apprennent qu’il y avait quasi unanimité pour juger un Barabbas – auteur de sédition et de meurtre – bien moins coupable que ce Jésus qui avait osé braver les conventions et dénoncer l’hypocrisie.
Le plus choquant : que cette injustice touche l’être le plus innocent que la terre a jamais accueilli.
Le plus glorieux : que par ce forfait des injustes accèdent à la félicité. Pour autant qu’ils se reconnaissent indignes de cette faveur.
Claude Siefert
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Lecture proposée : Évangile selon Marc, chapitre 15, versets 6 à 20.