Gracié

Invoque-moi au jour de la détresse : je te délivrerai, et tu me glorifieras.
Psaume 50.15

Le colonel M. croupissait déjà depuis plusieurs années dans la forteresse de Glatz dans les montagnes des Sudètes en Silésie. Il était accusé de haute trahison et de lèse-majesté envers le roi Frédéric-Guillaume III qu’il avait attaqué.
Les jours s’écoulaient mornes et invariables. On ne lui avait laissé qu’une Bible. Pour tuer le temps, il l’ouvrait parfois, mais il ne nourrissait que haine envers le Dieu qui l’abandonnait à un sort si cruel.
Une nuit de novembre, l’orage faisait rage autour de la forteresse ; le torrent de la Neiss grondait.
Le colonel ne parvenait pas à trouver le sommeil. Dans son cœur, un autre orage faisait écho à celui du dehors : sa vie gâchée défilait devant lui. Il savait que tous ses malheurs avaient commencé par sa décision d’abandonner Dieu. Pour la première fois, des sentiments de regret le submergèrent. Il ouvrit sa Bible au hasard et ses yeux tombèrent sur les mots du Psaume 50 cités ci-dessus. Saisi au plus profond de son cœur, il se jeta à genoux en implorant la grâce de Dieu et son pardon.
Dans la même nuit, le roi ne parvenait pas non plus à dormir, secoué par de violentes douleurs intestinales. Il supplia Dieu de lui accorder ne fut-ce qu’une heure de sommeil réparateur. Il fut exaucé. Au réveil, il dit à son épouse : – Dieu s’est montré gracieux envers moi. Je voudrais l’en remercier et témoigner de la grâce à quelqu’un. Qui est, à ton avis, celui qui m’a le plus gravement offensé ? – C’est le colonel M. qui se trouve en prison à Glatz. – C’est juste. Je veux le gracier.
Tôt le matin, un courrier partit en direction de la Silésie pour annoncer au condamné sa libération.

Alfred Kuen

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Lecture proposée : Psaume 107, versets 10 à 16.

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